- VÉZELAY
- VÉZELAYVÉZELAYL’église abbatiale de Vézelay, en Bourgogne, est placée sous le vocable de Madeleine, sœur de Lazare, dont les reliques furent rapportées de Provence par le comte Gérard de Roussillon et par sa femme et offertes en 860 au monastère de religieuses alors établi dans la plaine, actuellement Saint-Père-sous-Vézelay. Les invasions normandes rendirent nécessaire la mise en sécurité des reliques et le monastère s’établit sur la colline. L’église carolingienne consacrée en 878 était encore debout lorsque, vers 1050, le développement intense du pèlerinage contraignit à construire un édifice plus vaste. L’église fut commencée, selon l’habitude, par le chœur qui fut consacré en 1104 sous l’abbatiat d’Artaud. En 1120, la nef carolingienne fut détruite par un incendie violent et remplacée par la nef actuelle achevée vers 1140, tandis que l’avant-nef était terminée vers 1150. Le chœur primitif fut remplacé au XIIIe siècle par un chœur gothique plus élevé et mieux éclairé. Dès le XVe siècle, le pèlerinage perdant de son importance, l’abbaye connut un déclin rapide et, à la Révolution, l’église délaissée menaçait ruine. Sa sauvegarde fut assurée dans la première moitié du XIXe siècle par le jeune architecte Viollet-le-Duc qui accepta la lourde tâche de restauration de l’édifice, tâche devant laquelle s’étaient dérobés de nombreux architectes. Viollet-le-Duc rétablit l’équilibre menacé de l’église abbatiale en utilisant de nombreux tirants de fer et en ajoutant des arcs-boutants le long des murs gouttereaux de la nef romane.L’église de la Madeleine se compose d’une avant-nef profonde de deux travées, d’une nef centrale bordée de bas-côtés, d’un transept peu saillant, d’un chœur et d’une abside entourée d’un déambulatoire sur lequel ouvrent cinq chapelles rayonnantes. L’avant-nef, improprement appelée «narthex», joue un rôle important dans la liturgie et communique avec la nef par trois portails; le portail central est le plus vaste et le plus richement orné. La nef centrale, très large, possède une élévation à deux étages: grandes arcades communiquant avec les bas-côtés et fenêtres très hautes qui assurent l’éclairage direct de l’édifice. Le vaisseau central de la nef ainsi que les collatéraux sont voûtés d’arêtes sur des doubleaux dont l’appareil est bichrome. La verticalité de l’élévation de la nef centrale est rompue par un bandeau richement orné de palmettes stylisées, qui court à mi-hauteur des murs latéraux. Le chœur gothique voûté d’ogives est à trois étages; il est inspiré de l’architecture de la cathédrale de Sens.Vézelay est, avec la cathédrale d’Autun, un des monuments les plus riches en sculptures de la Bourgogne romane. Les chapiteaux de l’avant-nef, de la nef et des bas-côtés constituent un ensemble important où se mêlent des scènes de l’Ancien Testament, des paraboles, des signes du zodiaque, des péchés capitaux et des vies de saints tels que Benoît, Eugénie. Les trois portails qu’abrite l’avant-nef sont consacrés à droite au cycle de la Nativité, à gauche au cycle de la Passion et au centre à la mission des apôtres. Le portail central plus large et plus haut que les portails latéraux possède un trumeau orné de statues d’apôtres; deux autres figures d’apôtres sont disposées le long de chaque piédroit. Quant au tympan, il est dominé par l’imposante statue du Christ figuré assis sur un trône, régnant sur le monde représenté par les étranges peuplades du linteau (pygmées, hommes aux grandes oreilles) et sur le temps (signes du zodiaque et travaux des mois dans la voussure). La sculpture de Vézelay, comme celle d’Autun dont elle diffère cependant, est caractérisée par un très grand allongement des personnages, une très grande variété des attitudes, un graphisme poussé des draperies finement ciselées et qui semblent toujours en mouvement comme si un léger vent les soulevait. L’église de la Madeleine de Vézelay présente certes de nombreuses caractéristiques dans son architecture, mais elle peut cependant être rattachée à un certain nombre d’autres édifices romans bourguignons: la polychromie des arcs doubleaux se retrouve en effet à Saint-Philibert de Tournus, l’élévation à deux étages et éclairage direct se reconnaît à Donzy-le-Pré, à Gourdon, à Anzy-le-Duc et à Saint-Lazare d’Avallon; quant à la voûte d’arêtes sur doubleaux dans la nef centrale, déjà employée en Allemagne à Spire, à Maria-Laach, à Saint-Maurice de Cologne, elle est également utilisée en Bourgogne à Châtillon-sur-Seine, à Anzy-le-Duc, à Pontaubert.Vézelaycom. de France (Yonne); 575 hab.— Sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, on bâtit une abb. bénédictine (IXe s., auj. en ruine) puis la basilique de la Madeleine (XIIe s.), qui a une nef romane (XIIe s.), un transept et un choeur gothiques (v. 1175), ensemble restauré par Viollet-le-Duc en 1840.— à Vézelay, en 1146, saint Bernard prêcha la 2e croisade.
Encyclopédie Universelle. 2012.